Né en 1894 dans l’Aude d’un bouscatier et d’une mère paysanne, Delteil n’oubliera jamais sa langue d’oc maternelle, mais c’est en français qu’il se jeta à corps perdu dans le Paris littéraire de l’après-guerre de 14-18 où le jeune homme, affamé de gloire, de richesses et d’amour, se fit pour débuter le nègre d’un sous-secrétaire d’État à la marine. Il faut bien vivre. En 1922, alors représentant en blanquette de Limoux, Delteil fit scandale et admiration avec son premier roman Sur le fleuve Amour : une combattante tsariste enflamme d’amour deux officiers bolchevistes, aventure fantasque au bord du fleuve sibérien. Il pénétra immédiatement le groupe surréaliste dont il sera tout aussi vite chassé. Trop indépendant, le jeune prodige trouva encore grand succès avec Choléra. Et puis vint en 1925 le prix Femina avec Jeanne d’Arc qui ne fit plus scandale mais bataille, écoutons Delteil :
« Tous les excès de la gloire avec les excès de l’outrage ! (…) On a failli m’écharper, on écharpait mon livre en tout cas, on me renvoyait les exemplaires rageusement déchiquetés en petits morceaux. C’est que c’était un livre drôlement révolutionnaire… »
Joseph Delteil quittera Paris en 1937 pour mener une vie calme dans son pays natal près de Montpellier, avec sa femme Caroline Dudley, habitants d’une vieille tuilerie, entre la littérature et les vignes. Paraîtront Jésus II, François d’Assise… Enfin la Deltheillerie, l’histoire de sa vie, un manifeste de simplicité et joie. Aujourd’hui, Joseph Delteil est considéré comme un précurseur de la Décroissance.